Nommé entraîneur de Brest en janvier 2023, après douze ans sans avoir exercé le métier, Eric Roy a défié la logique. Après avoir assuré le maintien en Ligue 1 du club finistérien, le technicien d'origine azuréenne a réussi l'exploit de qualifier le SB29 en Ligue des Champions pour sa première saison complète. Et cela relève de la providence : Roy a été nommé sur le banc brestois presque par hasard !
"Quinze jours après le licenciement de Michel Der Zakarian (en octobre 2022), Brest vient jouer à Nice, dans ma ville. Je suis au stade, je tombe sur Greg (Lorenzi, le directeur sportif, ndlr). On discute, il me dit qu'il cherche un entraîneur et me demande ce que je fais. Je lui réponds que j'aimerais bien retrouver un club, mais que personne ne m'en donne l'opportunité. À ce moment-là , il me dit de lui envoyer un mail avec mon CV, qu'il parlera de moi à son président et il s'en va en me disant qu'il me tiendrait au courant", explique Roy dans un long entretien accordé à France football.
"Le championnat fait une pause pour laisser la place à la Coupe du monde au Qatar. La compétition se termine et je ne reçois aucune nouvelle. Dans ma tête, je me dis que c'est fini, que le club n'aurait pas attendu un mois en pleine saison pour se décider. Donc, je passe à autre chose et je n'y pense plus. Mais, le 28 décembre, donc dix jours après la finale du Mondial, je reçois un coup de fil de Greg en fin de matinée. Il me propose de venir à Brest pour rencontrer le président. C'était fou, je n'étais plus du tout dans le truc. Je lui dis : 'OK, je te rappelle'", poursuit l'ex-entraîneur du Gym.
Pourquoi avoir donc raccroché à Lorenzi ? "Pour regarder les horaires d'avion. Il était 11h. Je me connecte et je vois un vol Nice-Brest à 14h. Ils sont très rares ceux-là . Je le rappelle et lui dis que je le prends, que je serai là dans l'après-midi. Le soir même, Brest recevait Lyon en championnat. Greg me prend une chambre d'hôtel et me dit qu'il viendra me chercher le lendemain pour rencontrer le président Denis Le Saint. Pendant ces dix ans loin des bancs de touche, j'ai eu quatre, cinq opportunités d'entraîner et, à chaque fois, on m'a demandé de faire des présentations, des études d'équipes, des choses très poussées qui demandaient pas mal de travail. Là , je débarque dans l'entreprise du président, sans aucune préparation, pour discuter de tout et de rien, très tranquillement", se souvient Roy.
"À aucun moment on ne parle de système de jeu. C'est très convivial. Finalement, je reprends l'avion le soir, Greg me dit qu'il me tient au courant. Le 1er janvier, Brest vient jouer à Monaco, je suis au match, je le croise à nouveau, il ne me dit rien de spécial. Le surlendemain, il m'appelle pour me dire que le poste est pour moi. Du jour au lendemain, je me retrouve entraîneur, plus de dix ans après ma dernière expérience", conclut celui qui a été élu meilleur entraîneur français de la saison 2023-2024.
Le hasard fait parfois bien les choses !